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Mostrando entradas de abril, 2021

ALEXANDRE DUMAS FILS - LA DAME AUX CAMÉLIAS (EXTRAIT)

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(...) Vous savez ce que c’est que d’aimer une femme, vous savez comment s’abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n’ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d’un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n’est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d’avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d’autres femmes, et l’on n’entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l’on tient dans les siennes. Le cerveau n’admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l’unique pensée qu’on lui offre sans cesse.      Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue.      L’existence n’est plus que l’accomplissement réitéré d’un désir continu, l’âme n’est que la vestale chargée d’entretenir le feu sacré de l’amour. (Alexandre Dumas fils - La Dame aux camélias - Chapitre XVIII - Éditeur A. Lebègue) ALEXANDRE DU

CHRISTIANE ROCHEFORT - LES STANCES À SOPHIE (EXTRAIT)

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Pourquoi ne te laisses-tu pas pousser les cheveux ? disait Philippe – 1 mètre 82, blond, yeux pervenche, nez adorable, bouche volontaire, front vaste et intelligent, etc. –je t’aimerais tellement mieux avec des cheveux que sans, au moins tu aurais l’air d’une femme, pourquoi as-tu encore mis des pantalons, tu sais pourtant que je te préfère en robe, si tu m’aimes disait Philippe, ne peux-tu me faire ce petit plaisir-ci. Et ce petit plaisir-là. Cela ne devrait pas te coûter si tu m’aimes disait Philippe, à quelle heure t’est-tu couchée hier, et pour faire quoi si ce n’est pas indiscret, à mon avis tu perds ton temps à te farcir la tête avec des tas de bouquins dont tu ne retiens pas un traître mot. Par contre tu n’as pas recousu ce bouton, là, à ta veste, qui manque, ne prends pas l’air surpris je te l’ai déjà fait remarquer la semaine dernière, c’est le même je le reconnais. Et moi qui sors d’habitude avec des filles toujours pimpantes, tirées à quatre épingles ! Moi qui aimerais tan

PHILIPPE CLAUDEL – DE QUELQUES AMOUREUX DES LIVRES... (EXTRAIT)

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Il y eut ainsi, depuis des siècles, vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude, des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l’humanité servir. La consoler, l’émouvoir, l’éclairer. On pardonna beaucoup au péché d’orgueil qui animait ces êtres. On les écouta souvent. On les célébra parfois. On donna à des avenues leurs noms. On sculpta dans le marbre et le bronze leur visage et leurs mains. On les coucha dans de grands dictionnaires, des encyclopédies. Il fallait bien voir leurs efforts se prolonger d’un écho. Mais au vrai, ils ne servirent à rien qu’à distraire les mortels de leur temps. Et leurs livres sont comme des mues tombées dans les siècles aveugles et sourds. Car rien jamais ne change l’homme. Rien ne remodèle la pâte dont il est fait, pour une fois et pour toujours. L’Histoire n’existe pas. Le Temps n’est qu’une illusion qui est l’autre nom de l’espoir. Car il en faut bien un. Sinon quoi ? Mais com