ALEXANDRE DUMAS FILS - LA DAME AUX CAMÉLIAS (EXTRAIT)

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(...) Vous savez ce que c’est que d’aimer une femme, vous savez comment s’abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n’ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d’un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n’est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d’avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d’autres femmes, et l’on n’entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l’on tient dans les siennes. Le cerveau n’admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l’unique pensée qu’on lui offre sans cesse.      Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue.      L’existence n’est plus que l’accomplissement réitéré d’un désir continu, l’âme n’est que la vestale chargée d’entretenir le feu sacré de l’amour. (Alexandre Dumas fils - La Dame aux camélias - Chapitre XVIII - Éditeur A. Lebègue) ALEXANDRE DU

CHRISTIANE ROCHEFORT - LES STANCES À SOPHIE (EXTRAIT)


Pourquoi ne te laisses-tu pas pousser les cheveux ? disait Philippe – 1 mètre 82, blond, yeux pervenche, nez adorable, bouche volontaire, front vaste et intelligent, etc. –je t’aimerais tellement mieux avec des cheveux que sans, au moins tu aurais l’air d’une femme, pourquoi as-tu encore mis des pantalons, tu sais pourtant que je te préfère en robe, si tu m’aimes disait Philippe, ne peux-tu me faire ce petit plaisir-ci. Et ce petit plaisir-là. Cela ne devrait pas te coûter si tu m’aimes disait Philippe, à quelle heure t’est-tu couchée hier, et pour faire quoi si ce n’est pas indiscret, à mon avis tu perds ton temps à te farcir la tête avec des tas de bouquins dont tu ne retiens pas un traître mot. Par contre tu n’as pas recousu ce bouton, là, à ta veste, qui manque, ne prends pas l’air surpris je te l’ai déjà fait remarquer la semaine dernière, c’est le même je le reconnais. Et moi qui sors d’habitude avec des filles toujours pimpantes, tirées à quatre épingles ! Moi qui aimerais tant être fier de te montrer ! C’est pour toi ce que j’en dis tu sais, si je ne m’intéressais pas à toi ça me serait égal que ta façon de vivre te conduise à la catastrophe, je me contenterais de prendre du bon temps avec toi comme le font la plupart des hommes avec les filles qui se disent libres, comme toi, trop contents qu’ils sont que vous aspiriez à cette liberté-là, ah ah ! pour eux c’est bien pratique et quelle économie, d’ailleurs tu dois en avoir fait l’expérience puisque tu en as tant fait. Mais il se trouve que moi je m’intéresse à toi c’est différent, alors j’essaye de t’aider, disait Philippe, toi de ton côté tu devrais faire un effort aussi, tiens ta fourchette dans l’autre main, ne ris pas comme ça c’est vulgaire, ne fais pas des boulettes c’est sale, tiens-toi droite tu fumes trop tu te noircis les dents ne bois pas tant ce n’est pas bien pour une femme, tu n’as pas bonne mine tu devrais voir un docteur, Pourquoi ne cherches-tu pas un vrai travail au lieu de faire trente-six choses qui ne te mènent à rien, ton insouciance me navre, où te conduira-t-elle, tu te ruineras la santé avec tous ces cafés-crèmes, Promets-moi que demain tu te coucheras à minuit, pour me faire plaisir, disait Philippe, si tu ne le fais pas pour toi fais-le au moins pour moi, je me demande ce que tu fabriques au milieu de cette bande de ratés, qu’est-ce que tu leur trouves ? Ces gens-là ne sont pas pour toi, tu vaux tout de même mieux que ça, si tu voulais me faire un grand plaisir tu cesserais de les voir ; si tu m’aimes disait Philippe, ne peux-tu faire ceci, qui me plaît, et ne pas faire cela, qui ne me plaît pas ? Ce n’est pourtant pas compliqué. Disait Philippe, et moi je l’écoutais bouche bée, je buvais ses paroles. Je leur trouvais un sens.

(Christiane Rochefort – Les stances à Sophie (1963) Francia, Editorial Grasset) 

 

CHRISTIANE ROCHEFORT – LAS ESTANCIAS PARA SOFÍA (FRAGMENTO)

¿Por qué no te dejas crecer los cabellos? Decía Philippe -1 metro 82, rubio, ojos azules, nariz adorable, boca firme, frente amplia e inteligente, etc.- Te amaría muchísimo más con cabellos que sin ellos, al menos lucirías como una mujer. ¿Por qué tienes aún puesto esos pantalones? Sabes, sin embargo, que yo te prefiero con vestido. Si tu me amas, decía Philippe, ¿por qué no puedes darme este pequeño gusto? Y ese pequeño gusto. Eso no debería costarte si tu me amas, decía Philippe. ¿A qué hora te has acostado ayer? ¿Y haciendo qué?,  si no es mucha indiscreción. En mi opinión, pierdes el tiempo llenandote la cabeza con un montón de libros de los cuales no retienes ni una palabra. En cambio, no has cosido ese botón que te falta, ahí, en tu saco. No te hagas la sorprendida que ya te lo he hecho notar la semana pasada. Es el mismo, me doy cuenta.  ¡Y yo que suelo salir con chicas siempre elegantes y de punta en blanco! ¡Me gustaría tanto poder estar orgulloso de mostrarte! Es por ti lo que digo, tú sabes. Si yo no me interesaría en ti, me daría igual que tu manera de vivir te lleve al desastre, yo me conformaría con pasar un buen rato contigo como lo hace la mayoría de los hombres con las chicas que se dicen libres, como tú, tan contentos que están que ustedes aspiren a esa libertad, ¡ah, ah! Para ellos es bien práctico y qué económico, de hecho tú debes haberlo experimentado ya que has hecho tanto, pero resulta que estoy interesado en ti, es diferente, por ello trato de ayudarte, decía Philippe, por tu parte tu deberías hacer un esfuerzo también, sostén tu tenedor con la otra mano, no te rías así es vulgar, no hagas bolitas, es sucio, ponte derecho, fumas demasiado, te negreas los dientes, no bebas tanto, no es bueno para una mujer, no tienes buen aspecto, deberías ver un doctor, ¿por qué no buscas un trabajo de verdad en vez de hacer treinta y seis cosas que no te llevan a nada?, tu dejadez me consterna, ¿a dónde te llevará?, te arruinarás la salud con todos esos café-crèmes, prométeme que mañana te acostarás a medianoche, para complacerme, decía Philippe, si tú no lo haces por ti, al menos hazlo por mí, me pregunto ¿qué haces en medio de ese montón de fracasados?, ¿qué les ves? Esa gente no es para ti, tú vales más que eso, si quisieras complacerme de verdad tú dejarías de verlos; si tú me amas, decía Philippe, ¿no puedes hacer esto que me place y dejar de hacer aquello que me disgusta? No es complicado. Decía Philippe, y yo lo escuchaba desconcertada, bebía sus palabras. Les encontraba un sentido.

(Traducción: Abraham Rojas Vargas y Flor Vargas Benavente)  



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