ALEXANDRE DUMAS FILS - LA DAME AUX CAMÉLIAS (EXTRAIT)

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(...) Vous savez ce que c’est que d’aimer une femme, vous savez comment s’abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n’ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d’un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n’est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d’avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d’autres femmes, et l’on n’entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l’on tient dans les siennes. Le cerveau n’admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l’unique pensée qu’on lui offre sans cesse.      Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue.      L’existence n’est plus que l’accomplissement réitéré d’un désir continu, l’âme n’est que la vestale chargée d’entretenir le feu sacré de l’amour. (Alexandre Dumas fils - La Dame aux camélias - Chapitre XVIII - Éditeur A. Lebègue) ALEXANDRE DU

MAURICE ROLLINAT - LE MONSTRE

En face d’un miroir est une femme étrange

Qui tire une perruque où l’or brille à foison,

Et son crâne apparaît jaune comme une orange

Et tout gras des parfums de sa fausse toison.

 

Sous des lampes jetant une clarté sévère

Elle sort de sa bouche un râtelier ducal,

Et de l’orbite gauche arrache un œil de verre

Qu’elle met avec soin dans un petit bocal.

 

Elle ôte un nez de cire et deux gros seins d’ouate

Qu’elle jette en grinçant dans une riche boîte,

Et murmure : « Ce soir, je l’appelais mon chou ;

 

« Il me trouvait charmante à travers ma voilette !

« Et maintenant cette Ève, âpre et vivant squelette,

« Va désarticuler sa jambe en caoutchouc ! »

 

(« Maurice Rollinat – Les Névroses (1917) Francia, Eugene Fasquelle, Editeur »)

 


MAURICE ROLLINAT - EL MONSTRUO

 

Frente al espejo hay una mujer extraña

Que se arranca una cabellera en oro,

Su cráneo amarillo es como naranja

con una melena de perfume aceitoso.

 

Bajo lámparas arrojando un cruel destello

De su boca extrae una prótesis ducal,

De su cuenca saca un ojo de vidrio bello

Que mete con cuidado en su frasco de cristal.

 

Quita nariz falsa y dos senos de algodón

Que los tira rechinando en un rico cajón,

Y murmura: «Querido, nuestro amor es ancho;

 

¡Vendrás y me hallarás hermosa tras mi velo!

Seré Eva, febril y áspero esqueleto,

¡Quien, por ti, se extirpará su pierna de caucho!».

 

(Traducción Abraham Rojas y Flor Vargas)

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