ALEXANDRE DUMAS FILS - LA DAME AUX CAMÉLIAS (EXTRAIT)

Imagen
(...) Vous savez ce que c’est que d’aimer une femme, vous savez comment s’abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n’ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d’un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n’est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d’avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d’autres femmes, et l’on n’entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l’on tient dans les siennes. Le cerveau n’admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l’unique pensée qu’on lui offre sans cesse.      Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue.      L’existence n’est plus que l’accomplissement réitéré d’un désir continu, l’âme n’est que la vestale chargée d’entretenir le feu sacré de l’amour. (Alexandre Dumas fils - La Dame aux camélias - Chapitre XVIII - Éditeur A. Lebègue) ALEXANDRE DU

MAURICE ROLLINAT - LE SOMNAMBULE

À Gustave Coquelin.


Le chapeau sur la tête et la canne à la main,

Serrant dans un frac noir sa rigide ossature,

Il allait et venait au bord de la toiture,

D’un air automatique et d’un pas surhumain.


Singulier promeneur, spectre et caricature,

Sans cesse, il refaisait son terrible chemin.

Sur le ciel orageux, couleur de parchemin,

Il dessinait sa haute et funèbre stature.

 

Soudain, à la lueur d’un éclair infernal,

Comme il frisait le vide en rasant le chenal

Avec le pied danseur et vif d’un funambule,


L’horreur emplit mon être et figea tout mon sang,

Car un grand chat d’ébène hydrophobe et grinçant

Venait de réveiller le monsieur Somnambule.


(« Maurice Rollinat – Les Névroses (1917) France, Eugène Fasquelle, Editeur »)



MAURICE ROLLINAT – EL SONÁMBULO


A Gustave Coquelin.


Sombrero sobre la testa y bastón en mano,

Cubriendo su osamenta dura con frac negro,

Iba y venía al borde del viejo techo,

Con aspecto maquinal y paso sobrehumano.

 

Raro paseante, espectro y caricatura,

Sin cesar, rehacía su terrible camino.

En el cielo tormentoso, color pergamino,

Trazaba su alta y fúnebre estatura.

 

De pronto, al fulgor de un resplandor infernal,

Cuando rozaba el vacío cerca al canal

Con el pie danzante y vivo de funámbulo,

 

El horror invadió mi ser y heló mi sangre,

Porque un gran gato de ébano y chirriante

Venía de despertar al señor Sonámbulo.

 

(Traducción de Abraham Rojas y Flor Vargas)

Comentarios

Entradas populares de este blog

SAINT-AMANT – LA DÉBAUCHE (EXTRAIT)

PHILIPPE CLAUDEL – DE QUELQUES AMOUREUX DES LIVRES... (EXTRAIT)

FRÉDÉRIC BEIGBEDER - L'AMOUR DURE TROIS ANS (EXTRAIT)